Rapport oral mines-pont (2021)

Les candidats se voient remettre un article de presse d'une longueur d'environ 500 mots (+/- 10%)portant sur un thème de l'actualité politique, sociale, économique, sociétale, culturelle... Ces articles peuvent provenir de sources très variées : The Economist, BBC News, The Daily Telegraph, The New York Times, Los Angeles Times, Newsweek, Politico, Scientific American, CNBC, Financial Times, The Sydney Morning Herald, The Irish Examiner, The New Statesman, Toronto Star, The Atlantic. . . Si les sources ne sont pas exclusivement britanniques ou américaines mais comprennent l'ensemble de la presse en langue anglaise, il ne s'agit pas pour le jury de tester les candidats sur leur degré d'érudition, sur leur maîtrise de l'histoire politique australienne ou leur connaissance précise du système politique nord-irlandais. Les sujets choisis permettent en revanche de susciter la réflexion des candidats sur les grands enjeux du monde contemporain tels qu'ils sont apparus dans l'actualité de l'année écoulée.
Aussi les supports ont-ils permis aux candidats de s'exprimer sur un éventail de questions telles que la crise sanitaire et ses conséquences, les dernières avancées en matière d'intelligence artificielle, les questions identitaires (avec notamment la transidentité), le racisme systémique dénoncé par le mouvement Black Lives Matter, les crises traversées par la monarchie britannique, l'exploration spatiale, l'essor des théories du complot, les inégalités sociales, la crise climatique, les luttes d'influence entre les États-Unis et la Chine, les évolutions contemporaines du monde du travail...
Les candidats disposent alors de 20 minutes de préparation, sans aucune ressource autre que le texte qu'ils doivent synthétiser et commenter.
Pour rappel, la prestation doit durer entre 8 et 12 minutes. Le jury n'interrompra pas un candidat qui parle jusqu'à un maximum 15 minutes. Cependant, dépasser 12 minutes s'avère très pénalisant, car l'entretien s'en verra nécessairement écourté, et les possibilités d'ajuster la note compromises. Un tiers du temps de parole devra être dévolu à l'introduction et au compte-rendu du document ; les deux tiers restants au commentaire et à la conclusion

La prestation en elle-même se décompose en plusieurs étapes :

L'introduction

Il s'agira ici de contextualiser le document, de le présenter, d'en expliciter la thématique et la manière
dont celle-ci est abordée. Une accroche (fait d'actualité récent, référence historique...) permettra d'inscrire le document dans une perspective large, avant de réduire progressivement la focale pour en arriver à une présentation de l'article lui-même : sa source, sa date, son auteur, en insistant sur ces points si cela paraît pertinent. Que penser, par exemple, d'un candidat qui identifie Kamala Harris comme « journalist » ? Le thème et l'enjeu de l'article doivent être précisés à ce stade, pour une meilleure intelligence du propos qui sera restitué plus précisément lors de l'étape suivante.

Le compte-rendu

Il s'agira ici de rendre compte du contenu de l'article, mais également de la démonstration qui y est
faite.
La prise en compte de la subjectivité à l'œuvre est donc primordiale, même si celle-ci prend les apparences d'une liste de constats objectifs, factuels ou chiffrés. Le candidat doit partir du postulat que tout article de presse a vocation à mettre en évidence un aspect de la question qu'il traite. C'est la restitution de cette visée qui est attendue ici, en plus du contenu informationnel de l'article. Aussi les idées principales de l'article doivent-elles être clairement mises en évidence, de même que son argumentaire, par une sélection rigoureuse et une hiérarchisation des informations restituées, le tout en reformulant soigneusement le propos de l'auteur de l'article. En effet, le simple collage de citations ne permet pas d'évaluer si le candidat a bien saisi de quoi il retournait.
Le paratexte est trop souvent omis. Il contient pourtant de précieuses informations, comme un titre
et parfois un sous-titre qui font généralement valoir la thèse de l'article, ou bien une présentation
succincte de l'auteur, lorsque celui-ci n'est pas un journaliste par exemple.
À ce stade, les écueils à éviter sont donc les suivants :

- une reprise systématique du vocabulaire du texte ;

- une absence d'organisation des informations restituées ;

- une indifférienciation entre les idées principales, les idées secondaires et les exemples ;

- une annonce de plan de compte-rendu ou d'une démarche qui relève de l'évidence (« I will first
present the article and then I will comment on it »)

- un excès de détails (statistiques, liste d'exemples...) ;

- des omissions d'idées importantes. Les candidats les moins attentifs ont notamment tendance à
oublier le dernier tiers du texte, sans doute pour dédier la fin de leur temps de préparation au
commentaire... ;

- l'ajout d'informations qui ne se trouvent pas dans le document;

La transition et le commentaire

Le commentaire est introduit par une transition entre le compte-rendu du document (qui se veut objectif) et le commentaire (éminemment subjectif). Cette transition permet, en quelques formulations concises, de ramasser le propos de l'auteur de l'article pour mieux mettre en valeur la question, plus large, que cet article pose. Elle fait le lien entre la démonstration de l'auteur de l'article et celle, problématisée, du candidat.
Cette problématique doit être explicitement énoncée sous forme de question directe ou indirecte. Elle émane des enjeux soulignés dans le document, des tensions qui en ressortent, et permet de discuter l'angle adopté par l'auteur de l'article. La réflexion doit néanmoins s'inscrire dans le champ ouvert par
le document : évoquer le mouvement « Youth for Climate » à propos d'un texte sur l'interview de Meghan Markle et le Prince Harry apparaît complètement hors de propos.
L'annonce explicite d'un plan, faisant immédiatement suite à l'énoncé de la problématique, permettra au jury de mieux entendre le cadre que le candidat se propose pour répondre à cette question. Le reste du commentaire constituera donc une réponse argumentée à la problématique, étayée par des exemples qui ne doivent ni être mentionnés allusivement, ni égrenés à toute allure, mais bel et bien approfondis et systématiquement rattachés à l'argumentaire.

Le commentaire s'achèvera par une conclusion personnelle. Celle-ci permet de reprendre brièvement
le parcours suivi par le candidat, depuis le propos déployé dans l'article jusqu'à sa démonstration personnelle. La conclusion proposera dès lors une réponse à la problématique soulevée lors de la transition, à partir de laquelle pourra s'amorcer un entretien.
À ce stade, les écueils à éviter sont les suivants :

- omettre totalement la transition ou l'annonce du plan de commentaire. Ce fut en effet bien trop
souvent le cas cette année, au point qu'il devenait parfois difficile de suivre l'argumentaire du
candidat et de comprendre où il voulait en venir.

- proposer une réflexion binaire (ex : « the pros and cons of artificial intelligence »). Où le candidat
espère-t-il en venir par une simple confrontation entre des arguments opposés qu'il se contente de
lister comme il restituerait un cours ?

- proposer une problématique qui ne serait qu'une question rhétorique. Si la réponse est connue
d'avance, pourquoi se poser la question ? De même, il s'agit de proposer un commentaire et
non un exposé scolaire, ce que ne permettent pas des problématiques comme : « Why is the
pandemic a catastrophe ? », « Why are social media dangerous ? » ;

- se livrer à un exposé général, écueil particulièrement sensible lorsque le texte porte sur l'environ-
nement ;

- répéter le texte et ses arguments voire ses exemples ;

- considérer que les stéréotypes ou les clichés constituent autant d'arguments et manquer de nuance
(ex : « English people are more open-minded than Americans », « *Americans are racist, not
British »). C'est là une tendance qui fut particulièrement déplorée par le jury cette année ;

- omettre la conclusion et terminer sa prestation de façon abrupte.

L'entretien

Il s'agit d'une étape cruciale, au cours de laquelle le jury cherchera à aider le candidat à rectifier certaines erreurs, à approfondir ses arguments et exemples, à s'exprimer de manière plus personnelle sur tel ou tel aspect du sujet. Le candidat devra faire preuve d'ouverture et accepter d'explorer des pistes qu'il n'avait pas initialement envisagées, justifier ses points de vue, mobiliser d'autres exempleset ê tre capable de clarifier son propos sans pour autant le répéter.

Aspects pratiques

Nous rappelons aux candidats qu'ils n'ont pas le choix du texte sur lequel ils composent car certains,
visiblement mal informés, s'en sont émus. Nous conseillons aux candidats de se munir de bouchons d'oreille (même s'ils peuvent être fournis), d'une bouteille d'eau et surtout d'un réveil ou d'une montre, car les portables sont interdits et doivent rester éteints lors de l'épreuve. Après l'épreuve, le sujet ainsi que les brouillons sont jetés à la poubelle ; ils ne sont donc pas pris en compte pour l'évaluation des candidats.
Enfin, et nous regrettons d'avoir ici à le préciser, une tenue correcte est de rigueur. Quel message font passer les candidats qui se présentent en bermuda, en short et en tongs ? Sont-ils conscients de la distinction qui existe entre un lieu de vacances et un lieu professionnel ? Se montrent-ils simplement puérils ou évoluent-ils dans une indifférienciation problématique entre les lieux et entre les places ?

Remarques sur les prestations de la session 2021

Nous ne saurions que recommander aux candidats, outre les conseils de leurs préparateurs, de se référer aux rapports du jury des années précédentes, afin d'éviter tout malentendu préjudiciable sur le format de l'épreuve. Une minorité de prestations étaient soit beaucoup trop succinctes (3'50 pour l'une d'entre elles !) ou dépassaient largement les 12 minutes, voire atteignaient les 15 minutes. Dans les deux cas de figure, les candidats ont été pénalisés.
Le jury encourage les candidats à ne pas cloisonner leurs connaissances et à se servir de ce qu'ils ont pu lire, voir, entendre dans les autres matières ou bien dans le cadre de leurs loisirs. Il est par exemple
dommage, pour un article portant sur l'idée d'un passeport vaccinal donné le 14 juillet, de ne pas faire
allusion aux mesures annoncées par le Président deux jours avant.
Par ailleurs, l'expression orale demeure très perfectible, même si l'on note un véritable progrès dans
l'aisance dont font preuve les candidats. Si le jury a entièrement confiance dans le travail réalisé par
les préparateurs en ce sens, plusieurs points récurrents ont été soulignés cette année et devront être
soigneusement travaillés par les candidats.

- La variété du lexique, en particulier des verbes introducteurs pour rapporter les arguments des
auteurs des documents (« he says that », « he explains that » sont trop fréquemment utilisés).

- L'abus du pronom « we », là où une voix passive serait beaucoup plus naturelle en anglais. Cette
récurrence de la première personne du pluriel va souvent de pair avec des prescriptions abusives
et généralisantes : « we should stop them », « we need new laws »...

- La syntaxe des énoncés interrogatifs est erronée dans la moitié des cas.

- La prestation doit se dérouler entièrement en anglais, et ne pas être ponctuée de mots français
comme « enfin », « donc », voire même « bah »... La répétition de « yes » est également bien
peu idiomatique.

- Enfin, l'intonation montante demeure trop fréquente dans les phrases affirmativesoù l'on s'atten-
drait plutôt à une intonation descendante.

Enfin, si les connaissances ne sont pas évaluées comme telles, un minimum reste néanmoins exigible
après plusieurs années à étudier l'anglais. Ainsi, nombreux sont les candidats qui ne connaissent pas le Commonwealth, ni Kamala Harris. De même, Joe Biden est présenté comme le nouveau Premier ministre britannique par tel candidat qui maintient cette erreur même après que l'examinateur a
souligné ce qu'il pensait être un lapsus...
Les candidats de cette session ont dans l'ensemble fait preuve d'un dynamisme remarquable, en particulier lors des entretiens souvent très fructueux et même agréables. Ils ont su s'adapter avec brio aux conditions particulières de cette année et, pour certains, atteindre une excellence que le jury ne peut que complimenter.

Frédéric Chevalier
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